Nouvelles Références Nutritionnelles pour la Population (RNP) en vitamines et minéraux

Nouvelles Références Nutritionnelles pour la Population (RNP) en vitamines et minéraux

L’ANSES vient de publier l’actualisation des Références Nutritionnelles pour la Population (RNP) en vitamines et minéraux (Saisine 2018-SA-0238). Ces nouvelles valeurs mettent à jour les ANC (Apports Nutritionnels Conseillés) définis par l’AFSSA (ex-ANSES) en 2001.

A quoi correspondent les RNP ?

Les Références Nutritionnelles pour la Population (RNP) pour les vitamines et minéraux correspondent aux apports journaliers en vitamines et minéraux, permettant de couvrir, en théorie, les besoins nutritionnels moyens (BNM) de quasi toute la population considérée (97,5 %). Elles sont estimées à partir de données expérimentales. Elles contribuent ainsi au maintien d’un état de santé normal.

 

Il s’agit en fait des Apports Nutritionnels Conseillés (ANC), terme jusqu’à présent utilisé, mais abandonné au profit de trois types de références nutritionnelles :

  • les RNP,
  • l’Apport Satisfaisant (AS) : apport moyen d’une population ou d’un sous-groupe pour lequel le statut nutritionnel est jugé satisfaisant. Cette valeur est retenue dans 2 situations : lorsque la RNP ne peut être estimée, faute de données expérimentales suffisantes, ou lorsqu’elle peut être estimée, mais qu’elle n’est pas satisfaisante car elle est susceptible de ne pas couvrir les besoins à long terme de la population en fonction de son évolution prévisible (prévention de maladies par exemple),
  • l’Intervalle de Référence (IR) est défini comme un intervalle d’apports considérés comme satisfaisants pour le maintien de la population en bonne santé.

Quel est le but des RNP ?

Les Références Nutritionnelles de la Population sont utiles à différents niveaux :

  • Elles aident les professionnels de santé dans le suivi nutritionnel de leurs patients (suivis diététiques individualisés et préventifs, accompagnements thérapeutiques),
  • Elles permettent d’évaluer le statut nutritionnel de populations dans le cadre d’études (suivis de cohortes), ainsi que les risques sanitaires liés à la nutrition (estimation des prévalences d’inadéquations d’apports),
  • Elles sont utilisées pour définir des repères de consommation dans le cadre des politiques de santé publiques.

 

Elles pourront aussi à plus ou moins longue échéance, conduire à la révision des valeurs nutritionnelles de références règlementaires, …

Pourquoi de nouveaux RNP ?

Les dernières repères nutritionnels pour les vitamines et minéraux avaient été définis en 2001 par l’AFSSA (ex-ANSES).

Or, en 20 ans, nous avons connu de nombreuses évolutions qui impactent les statuts nutritionnels de la population française, et peuvent avoir une incidence sur leur besoin : accroissement des maladies métaboliques, évolution de l’offre alimentaire, évolution des comportements alimentaires, incidences environnementales…

Par ailleurs, en 20 ans, les sciences nutritionnelles et médicales ont conduit à un bond en termes de connaissances.

Intégrer ces évolutions devenait donc essentiel.

Quelles sont les populations concernées ?

En 2016, l’ANSES publiait l’actualisation des repères nutritionnels pour la population adulte (femmes de 18 à 54 ans et hommes de 18 à 64 ans) via la Saisine 2012-SA-0103 (Actualisation des repères du PNNS : révision des repères de consommations alimentaires). Les derniers travaux du CES (Comité d’Expertise Spécialisé) « Nutrition Humaine » de l’ANSES ont permis d’étendre ces travaux pour toutes les catégories de la population (voir tableau ci-dessous). Cette actualisation concerne uniquement les populations en bonne santé, ayant un régime alimentaire de type occidental, à l’exclusion des populations ayant une activité physique régulière d’intensité élevée. En effet, les personnes souffrant de troubles ou les populations ayant une activité physique intense ont des besoins différents. 

Catégories de population concernées par les nouveaux repères nutritionnels en vitamines et minéraux.

  • Nourrissons de moins de 6 mois révolus
  • Nourrissons de 6 mois et 12 mois révolus
  • Enfants de 1 à 3 ans révolus
  • Enfants de 4 à 10 ans révolus
  • Adolescents et adolescentes de 11 à 14 ans révolus
  • Adolescents et adolescentes de 15 à 17 ans révolus
  • Hommes et femmes de 18 ans à 64 ans révolus
  • Femmes enceintes et allaitantes
  • Personnes âgées de 65 ans et plus (≥ 65 ans)

En fonction des vitamines et minéraux, des « sous-catégories » additionnelles ont été étudiées. C’est le cas pour la catégorie « femmes enceintes et allaitantes » pour laquelle des besoins spécifiques sont définis en fonction de la période de gestation (1°, 2°, 3° trimestre), de l’âge de la femme (adulte vs adolescente), de l’allaitement. C’est aussi le cas pour le calcium, pour lequel 2 sous-catégories ont été définies chez les adultes : l’une comprise entre 18 et 24 ans, et l’autre comprise entre 25 et 64 ans.

Par ailleurs, les références nutritionnelles ont été définies pour les nourrissons nés à termes et en bonne santé. Elles ne sont pas applicables dans les autres situations.

Quelles vitamines et minéraux sont concernés ?

Au total, les références nutritionnelles ont été définies pour 13 vitamines et 13 minéraux (voir tableau ci-dessous).

Vitamines et minéraux traités au sein de la Saisine 2018-SA-0238

Le manganèse n’a pas été étudié dans le cadre de la saisine 2018-SA-0238, même si les besoins nutritionnels sont établis pour ce minéral. En effet, l’ANSES attend les conclusions de l’EFSA qui étudie actuellement les limites supérieures des nutriments pouvant également être utilisés en tant qu’aditifs alimentaires (consultation en cours).

Des risques de carences existent selon l'ANSES

L’ANSES précise en conclusion que les besoins sont généralement couverts pour la majorité des vitamines et minéraux au sein de toutes les catégories de la population. Cependant, la couverture des besoins peut présenter des failles pour certaines vitamines et certaines minéraux (fer, acide folique, iode et vitamine D) au sein de quelques catégories de la population. Dans quelques cas, il s’agit clairement d’un enjeu de santé publique.

 

Ainsi, pour la vitamine D, 70 % des adultes présenteraient une couverture des besoins insuffisante, voire des carences dans 6,5 % des cas.

 

Par ailleurs, pour l’acide folique, une surveillance particulière est nécessaire chez les femmes en âge de procréer, afin d’éviter les défauts de la fermeture du tube neural chez les fœtus dans le cadre notamment des grossesses non programmées.

 

Il est aussi souhaitable de poursuivre les recherches afin d’affiner la définition des besoins :

  • en incluant l’impact des régimes alimentaires ou des aliments (process / matrice) sur la biodisponibilité des nutriments,
  • en incluant l’impact de statuts nutritionnels particuliers sur le stockage, la mobilisation des réserves et la biodisponibilité,
  • en se basant sur des besoins réels et non des extrapolations notamment pour les enfants et adolescents,
  • en affinant les méthodes de fixation des références lorsque les besoins sont difficiles à atteindre dans certaines situations particulières (exemple du fer chez les femmes).

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